Publié sur Facebook le 26 octobre 2023.

 

« Deux-Sèvres remarquables » : Gâtine : Le quartier Saint-Paul de Parthenay.

Une amie me trouvant déterminé dans mes rectifications, je vais donc poursuivre ce travail qui est bien loin d’être terminé !
L’auteur des « Deux-Sèvres remarquables »  écrit en page 151 : « En contrebas, blotti au pied de la ville, le faubourg Saint-Paul, l’ancien quartier des tanneurs. Ses habitants perpétuent un esprit indépendant avec leur commune libre et sa mairie qui reçut, en 2017, des représentants de sa grande sœur montmartroise ». Voilà encore un raccourci historique regrettable et pas nécessairement compréhensible par tous..
Saint-Paul ne deviendra le quartier des tanneurs qu’au XVIe siècle car auparavant, la configuration des lieux était autre. A l’image de ce qui est encore bien marqué dans le paysage de Secondigny, une vaste chaussée barrait le Thouet au niveau de l’actuel pont de Saint-Paul. L’actuelle rue des Tanneries se trouvait sous les eaux et un moulin se situait approximativement à l’entrée de l’actuelle rue du Moulin. L’évolution vers ce que l’on connaît de nos jours se serait faite à la fin du XVe siècle ou au tout début du suivant. Dès lors, la création de la rue Neufve, aujourd’hui dite des Tanneurs, va permettre l’installation « d’adouberies », autre nom des tanneries. Auparavant, on trouvait des tanneries dans l’actuelle rue du Moulin, mais aussi au faubourg Saint-Jacques et dans les rues du Château et de Godineau. Il y avait donc très peu de tanneurs à Saint-Paul.
La photo d’une ancienne inondation donne une idée de l’espace qu’occupait approximativement le « grand étang de Saint-Paul » au Moyen-âge.

 


Quant à la tradition « montmartroise » que cite l’auteur, est en lien avec la création d’une « Commune libre de Saint-Paul » en 1937 et elle existe toujours. Mais ce qu’ignorent les Parthenaisiens d’aujourd’hui, c’est qu’elle ne fut pas la première. En effet, en août 1926 avait été créée « La commune libre du faubourg Saint-Jacques ». Cette association était constituée d’un conseil municipal, avec élection de juges, de pompiers, de la Marianne du Faubourg et de ses demoiselles d’honneurs. Les habitants du faubourg Saint-Paul s’en inspirèrent pour créer leur propre commune libre qui, contrairement à celle de Saint-Jacques, repris de l’importance après la guerre.
Le lien entre Montmartre et Parthenay remonte à 1933, avec les fêtes de la Pentecôte. De 3 au 5 juin se produisirent alors des artistes de la commune libre de Montmartre dont Liette Guerita, Brunetti le garde-champêtre, Dupuy la vedette algérienne. « M. Toziny remit à la Belle Fille de Parthenay, un magnifique diplôme enluminé par un artiste de la Butte la déclarant citoyenne d’honneur de la Commune Libre de Montmartre. » C’est la photo que je joins, détenue par le musée, et qui n’avait jamais été identifiée.

 


Ces artistes de Montmartre vont régulièrement se produire à Parthenay, dans diverses activités culturelles. Il y en a par exemple au gala du Cercle Saint-Joseph les 12 et 13 février 1934.
Après guerre, la commune libre de Saint-Paul renoue avec sa tradition festive et organise une grande fête en août. L’association est  alors déclarée au JO du 21 septembre 1946 sous l’appellation de « Société des fêtes de la commune Libre de Saint-Paul ». La renommée de la fête estivale avait été telle que la commune libre de Montmartre, à Paris, invite le comité des fêtes de celle de Saint-Paul. Puis, le 18 décembre 1946, par un froid de - 4°, une délégation des « Amis de la Butte libre de Montmartre », visite la ville à la suite de l’invitation de la commune libre de Saint-Paul. À cette occasion, des artistes du music-hall donnent un spectacle. Notons la présence de la cantatrice Yvonne Marti, de la chansonnière Any Lorene et du chansonnier Georges Giriel. Les « Actualités Gaumont » en profitent pour tourner un film. Après la visite de Parthenay et de la commune libre, des journalistes parisiens titrent : « Le second Montmartre de France ce trouve dans les Deux-Sèvres. »
L’association organise dès lors de très belles manifestations avec la présence d’artistes montmartrois  jusqu’en 1950, puis elle est victime d’une grave crise au début de l’année 1951 avec la démission de son président, Paul Chartier. Elle repart en juin avec un président temporaire et on se soucie de la préservation de la mairie. En effet, la commune libre, qui se veut indépendante,  possède une mairie, et cette singularité me permet d’aborder un autre aspect méconnu.
A la fondation du bourg Saint-Paul vers 1070, les personnes qui venaient s’y installer, profitaient de droits spécifiques envers le seigneur de Parthenay. Les hommes versaient au total 50 s chaque année comme droit de franchise et ce droit s’appliquait encore en 1741. Le plus étalonnant est que la maison qui fut achetée par l’association en 1949 pour servir de mairie, était dite « maison de Ville de Saint Paul faisant face à tout le Bourg » en 1776. En l’absence de documents complémentaires, il n’est pas possible de connaître l’origine de cette étrange appellation pour l’époque, mais elle pourrait bien être liée à ce fameux droit de franchise.

J’ajouterais que depuis très longtemps, les habitants de Saint-Paul avaient l’habitude d’organiser des fêtes. Ainsi, la veille du 14 juillet 1889, les maisons et les rues sont pavoisées, des jeux sont organisés ainsi qu’une retraite aux flambeaux et un feu d’artifice. Le 13 juillet 1890 au soir, la fête comprend des jeux d’eau qui précèdent un bal. Avec la commune libre de Saint-Paul, le faubourg est au centre des plus grandes animations parthenaisiennes dans les années 1946-1955. Et je n’ai pas tout dit sur ce sujet !

 

 

Albéric Verdon : https://gatine-parthenay.fr/

 

 

Retour page précédente