Publié sur Facebook le 5 novembre 2023.

 

Tempêtes et ouragans de Gâtine jusqu’en 1913.

Avec la tempête que nous avons vécue cette nuit, je propose une éphéméride de ce genre d’intempéries jusqu’à la Première Guerre mondiale. Tout cela en fonction des archives et journaux qui ont été conservés.
La plus ancienne mention de ce genre d’intempérie remonte à 1583. À la suite de pluies importantes et d’ouragans, la salle des pauvres de l’hôpital s’écroule. Cette salle était accolée à la chapelle de la Maison-Dieu.
- 1711 : Le 10 novembre, un ouragan renverse la flèche du clocher de Sainte-Croix. Elle ne sera pas reconstruite. Le vent déracine une multitude d’arbres dans les forêts du duc de la Meilleraye. Il s’en vendra 700, rien que dans la Touche du Bois Maraud en forêt de la Ferrière.
- 1793 : Le 16 août, Louis Thomas écrit «  la tempête fut si grande, qu’elle rompit beaucoup d’arbres, détruisit preque tous les fruits arbrins, fit mourir les feuilles des arbres comme si elle eut ete brûlées. Les buissons nouzilieres, brouzes, pomiers, poiriers ainsi que tous les autres arbrissaux sembloient etre mort. Le vent de cet orage venoit de l’occident, il ne tomba presque pas de pluye. »
- 1796 : Louis Thomas écrit « grand orage qui fut pendant la nuit du 3 venant au 4 fevrier, cétoit un mercredi la nuit la terre trembla a tout moment, le vent agitoit si fort les bâtiments qu’il découvra plusieurs maisons et emportoit les cheminées, il aracha une grande quantité d’arbres a fruit ; en biens des contrées, il n’en fit aucunnes exception, en bien des villes, il brisa les cheminées et couvertures. Jamais l’on avoit vu un pareil tourment, les eaux devinrent grande, les fleuves sortirent de leurs lits, ils firent de grands fracas dans plusieurs futais, cet orage aracha une grande partie des arbres ». On retrouve mention de cet ouragan dans la nuit du 3 au 4 février dans une demande de Pierre Allonneau qui expose que ce phénomène à occasionné des dégâts sur ses exploitations de la commune de Verruyes.
- 1798 : Vers le 27 octobre, un ouragan « des plus impétueux » occasionne de nombreux dégâts dans le nord du département, notamment à Parthenay. Il renverse la « chaumière » d’Auguste Frédéric Gimat, ingénieur des Ponts-et-Chaussées de Parthenay.
- 1800 : Le 24 octobre, un ouragan fait tomber le cadran de l’horloge de la porte de la Citadelle. Une nouvelle tempête traverse la région le 9 novembre.
- 1803 : Dans la nuit du 28 au 29 décembre, un ouragan terrible traverse le département.
- 1805 : Le 4 juillet, un « ouragan » et « le fleau de la grêle » occasionnent de nombreux dégâts, notamment aux vitres.
- 1809 : Le 9 janvier, un ouragan occasionne de nombreux dégâts, notamment à la toiture des prisons et de l’hôtel de ville.
- 1810 : Le 10 novembre, un ouragan occasionne des dégâts à la toiture de la caserne de gendarmerie et à la sous-préfecture.
- 1811 : Violents ouragans dans l’année qui occasionnent des dégâts, notamment à la sous-préfecture.
- 1812 : Violents ouragans dans l’année : un mur de la sous-préfecture s’écroule et plusieurs volets sont brisés ainsi que des claires-voies du jardin.
- 1836 : Le 28 mars, un ouragan provoque l’écroulement d’une partie de la caserne de gendarmerie (Cordeliers). Il occasionne de nombreux autres dégâts, notamment aux toitures des églises Sainte-Croix et Saint-Laurent.
- 1839 : Le 18 juin, un ouragan traverse La Chapelle-Bertrand. « En dix minutes, tout a été devasté, jardins, prés, champs ». Les dégâts aux cultures sont estimés à 24 000 F et plusieurs propriétaires font la remise des loyers aux fermiers qui sont ruinés. Une somme de 373 F est versée l’année suivante à 46 personnes pour les dédommager.
- 1873 : Dans la nuit du 19 au 20 janvier, crue importante du Thouet à cause de pluies diluviennes et d’une tempête. À Parthenay, « jamais on n’avait vu les eaux atteindre une telle hauteur. Plusieurs murs de clôture ont été renversés. Le pont du Rouget et celui de la filature de Pompairain, tous les deux en bois, mais solidement construits, ont été emportés ». La filature de Pompairain subit d’importants dégâts.
- 1890 : Le 21 janvier, un ouragan détruit une partie de la toiture de l’église Saint-Laurent et occasionne d’énormes dégâts aux immeubles.
- 1899 : Le 2 janvier, écroulement de plusieurs charpentes des nouveaux baraquements militaires à cause d’un ouragan.
- 1900 : Le 13 février, une violente tempête s’abat sur Parthenay, occasionnant des dégâts aux toitures et aux arbres.
- 1901 : La nuit de Noël est marquée par l’arrivée d’un ouragan qui occasionne de nombreux dégâts aux toitures, aux vitres et aux arbres.
- 1903 : Depuis le début du mois de mars, les pluies abondantes font sortir le Thouet de son lit. Des arbres sont couchés par une tempête et des murs s’écroulent à cause des infiltrations d’eau. La neige fait également son apparition.
- 1909 : Le 2 décembre, une tempête renverse le calvaire de la Faïencerie.
- 1910 : En janvier, tempête et pluies importantes font déborder le Thouet. Un mur de l’actuelle rue Ganne s’écroule et de nombreuses caves sont inondées. Une partie du mur du Cercle, rue Chanzy, s’écroule.
- 1911 : Le 21 décembre, une violente tempête s’abat sur la Gâtine. Des arbres sont arrachés dont un marronnier de la place du Drapeau et des cheminées sont renversées.
- 1913 : Le 20 janvier, tempête sur la Gâtine qui occasionne des dégâts aux toitures et aux arbres. Le Thouet sort de son lit et ravage des propriétés riveraines. Nouvelle tempête dans la nuit du 30 au 31 janvier.
- 1913 : Le 26 décembre, une tempête provoque quelques dégâts.

 

Photo : Les tanneries se Saint-Paul sous les eaux un jour d’inondation au début du XXe siècle. (Musée de Parthenay).

 

Ajout du 6 novembre.

Je tiens à commenter ma liste des tempêtes et ouragans. Elle ne vient pas mettre en doute l’augmentation des intempéries actuelles. Pour la fin du XIXe siècle jusqu’en 1913, la liste est exhaustive et il n’y avait donc pas de tempête tous les ans. Les tempêtes dévastatrices étaient très rares. Il y avait aussi des sécheresses, mais ce que je tiens à souligner est qu’il y avait surtout de la neige et du froid tous les ans, similaire à ce que l’on a vécu dans les années 1980 et même souvent bien pire. Aujourd’hui, est-il normal de trouver encore des feuilles aux arbres en Gâtine ? Ce n’était pas le cas autrefois.

 

Jean Collon m’a écrit le 8 novembre :
Concernant les inondations, il est probable qu’à pluviométrie égale, l’existence des moulins ( St Paul, St Jacques, Godineau)et chaussées barrant plus le Thouet que maintenant ou les pelles peuvent être abaissées ont eu un rôle d’accentuation des niveaux…À vérifier…
Et j’ai répondu :
La présence d’une multitude de moulins sur le Thouet et ses affluents et le rôle des meuniers permettaient une régulation. Au moment des fortes pluies ou sur de longues périodes pluvieuses, les meuniers ouvraient les vannes et la multitude des chaussées de moulin barrant les cours d'eau facilitait l’épandage des eaux dans les prés. Ces prés, qui recevaient les eaux en cas d’inondation, étaient appelés « rivières ». On en rencontre beaucoup dans la toponymie des cadastres dit napoléoniens (1810-1840, pour la Gâtine). Sauf dans les cas extrêmes et au niveau des goulets d’étranglement de la rivière, cela limitait les inondations.

 

 

 

Albéric Verdon : https://gatine-parthenay.fr/

 

 

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