Publié le 10 avril 2025.
Découvertes et questionnement avec la reconstruction couleur du cadastre de Villiers-en-Plaine
Lors de la mise en couleur de nos reconstructions du cadastre initial des communes, dit napoléonien, des données importantes peuvent apparaitre. C’est notamment le cas avec Villiers-en-Plaine que nous venons de terminer. Cette commune est « la bien nommée » avec l’agglomération en son centre et une vaste étendue de plaine en terres labourables tout autour. Mais, lorsque l’on compare cette situation aux données collectées dans les archives, il y a une incohérence. Un ami chercheur, Guillaume Porchet, nous avait signalé voilà quelques années, la présence de bœufs à Villiers, mais ce que « raconte » les couleurs du cadastre ne vont pas en ce sens. En effet, pour avoir des bœufs, il faut des prés afin de ramasser le foin nécessaire à la nourriture des bestiaux durant l’hiver. Guillaume a retrouvé l’acte que j’évoque ici et je l’en remercie. C’est un inventaire après décès de 1745 concernant un Guillemain, fermier de la métairie du Ballet. Ce toponyme n’apparaît pas sur le premier cadastre ou l’état de section qui y est associé. Elle était située dans le bourg de Villiers. Cet inventaire fait état de 2 bœufs marandais (venant de Marans) et de 4 bœufs gâtineaux (venant de la Gâtine). S’y ajoute une vache, un cheval et 81 brebis.
Ce cheptel est ici similaire à ce que l’on rencontre en Gâtine et pour les secteurs riche en pré. Pour Villiers, il y a certes trois prés d’indiqués dans le bourg dont l’un servant de champ de foire et qui devait être en lien avec l’exploitation agricole attachée au château. D’après Guillaume, il y aurait plusieurs métairies dans ce bourg et il n’y a donc pas théoriquement assez de pré pour des cheptels comme celui d la métairie du Ballet. Le bourg comporte également de rares pâtis qui ne permettent pas de récolter le foin nécessaire pour l’hiver. Même problématique pour les terres laissées en jachère qui permettent la pâture, mais pas la récolte de foin.
Le cadastre étant de 1824, on pourrait supposer qu’il y eu une évolution dans l’affectation des terres, mais c’est plus tard que vont apparaître les prairies artificielles susceptibles de compenser les prés naturels. Certes, il y a déjà une parcelle de luzerne près du château, mais on est loin de se qui se pratique à la même époque à Cherves près de Thénezay, au nord de la Gâtine.
En définitive, il faudrait connaître le nombre de métairies dans le bourg de Villiers, ce que Guillaume doit s’attacher à trouver, trouver des actes faisant état de prés dans le secteur de Villiers, ou découvrir des documents susceptibles de faire connaître des pratiques agricoles quant à la production de foin dans cette plaine de Villiers.
La reconstruction du cadastre a également permis de remarquer la rareté de la culture de la vigne. Toutes les parcelles de cette culture sont regroupés dans une étendue dite « fief de… », comme cela se rencontre partout en périphérie et même dans la Gâtine. Comme ailleurs, certaines vignes ont déjà été remplacées par des terres labourables. C’était une conséquence du refroidissement qui frappait le pays à cette époque, bien avant l’arrivée du phylloxéra. Avec seulement trois fiefs de vigne, Villiers-en-Plaine n’était pas une terre de vigne dès le Moyen-âge.
En conclusion, le cas de Villiers-en-Plaine montre qu’il y a encore des découvertes à faire et des pratiques à expliquer dans l’univers des métairies si bien documenté par Louis Merle.
Albéric Verdon : https://gatine-parthenay.fr/
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