Publié sur Facebook le 29 septembre 2023.

 

Les origines de l'église d'Adilly

Lorsque l’on mesure l’importance et la qualité du travail d’un historien ou d’une historienne, il est déplaisant de devoir rectifier une erreur. Pour Bélisaire Ledain, son travail est si considérable, et réalisé avec le peu de moyens de son époque (pas d’électricité, pas d’automobile, pas d’informatique, etc.) que les erreurs sont proportionnellement très rares face à la masse d’informations qu’il a traitée, et on doit même être admiratif. En revanche, pour toutes personnes désirant utiliser son travail, il faut se référer à la dernière édition de son ouvrage « La Gâtine historique et monumentale », l’œuvre d’une vie. En toute logique, les ouvrages publiés auparavant contenaient des erreurs plus nombreuses, voire très nombreuses. C’est notamment le cas dans son œuvre de jeunesse avec son « Histoire de la ville de Parthenay », parue en 1858 et qu’il convient d’éviter d’utiliser. Il faut préférer sa « Gâtine historique et monumentale » parue en 1876, et surtout la seconde édition de 1897, plus riche dans son contenu, avec des corrections historiques notables. C’est cette dernière version qu’il faut privilégier pour éviter d’utiliser des données erronées, même si toutes n’ont pas été rectifiées. Cette dernière édition n’est malheureusement pas préférée chez de nombreux auteurs d’aujourd’hui qui rebutent à dépouiller plus de 300 pages au format A4, plus les annexes. Souvent, ils préfèrent l’ouvrage de 1858. Bélisaire Ledain n’est cependant pas impartial lorsque qu’il traite de religion. On peut même le qualifier « d’intégriste » dans certains aspects de sa ferveur catholique, et il perd en crédibilité lorsqu’il évoque les Protestants, les Juifs ou les lépreux.
Selon les croyances de son époque, il attribua lui aussi les tombeaux découverts en l’église Sainte-Croix à Guillaume VII Larchevêque et sa femme. J’ai évoqué cette affaire dans une précédente publication.
Je voudrais rectifier une nouvelle erreur, venant cette fois d’une historienne qui a publié en 2008 un ouvrage considérable intitulé « Le patrimoine de Gâtine ». Elle a pour cela consulté de nombreuses archives, mais elle a également dû utiliser les publications de divers auteurs dont il lui était matériellement impossible de vérifier les dires. Dans ce contexte, ses erreurs sont excusables, mais il convient de rectifier celles qui ont été détectées.
Je prendrais l’exemple d’Adilly. Elle indique que des chartes des IXe et Xe siècles mentionneraient l’existence d’un prieuré dédié à Sainte-Ursule et Saint-Séverin et que ce dernier aurait été donné par Pépin Ier en 848 à l’abbaye Saint-Cyprien de Poitiers. Derrière cette assertion, on trouve un auteur du XIXe siècle particulièrement prolixe en erreurs et particulièrement utilisé par Maurice Poignat. Il s’agit de l’abbé Auber. Il avait identifié « Allilias » comme étant Adilly, alors qu’il s’agit "d’Aillé", parfois orthographié "Adillé" (1613), hameau de l’ancienne commune Saint-Pierre-les-Églises rattachée aujourd’hui à Chauvigny. On y trouvait encore une chapelle en ruine au XIXe siècle.
Bélisaire Ledain ne fait pas cette erreur et c’est lui qui donne la forme "Azille" comme étant la première mention de cette commune vers 1300. Il est regrettable que le partenariat actuel avec cette historienne n’existait pas alors, ce qui aurait pu éviter quelques erreurs.
Le portrait est celui de Bélisaire Ledain et la photographie représente la procession de la communion solennelle à Adilly en 1946. On y voit le ballet de l’église aujourd’hui disparu. (Collection H. Fouillet)
Le 15 juin 1948, un camion de la société de transport Esmery, qui était en stationnement, dévale la pente et percute l’église, provoquant l’effondrement du clocher, du ballet et d’une partie de la nef. Un des vitraux récemment installé est détruit et la statue de saint Antoine est décapitée. Vingt minutes plus tôt, une vingtaine de personnes se trouvaient dans l’édifice !

 

 

Albéric Verdon : https://gatine-parthenay.fr/

 

 

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