Publié sur Facebook le 8 novembre 2023.

 

« Deux-Sèvres remarquables » : Gâtine : L’église Sainte-Croix de Parthenay.

Je vais poursuivre mes rectifications. L’auteur écrit en page 153 : « S’élève la collégiale Sainte-Croix, dont la tradition veut qu’une relique ait été rapportée par un seigneur de Parthenay qui suivit Godefroy de Bouillon à la première croisade »
Voilà encore une erreur qui se colporte. Bélisaire Ledain avait évoqué cette éventualité tout en précisant que l’église étant plus ancienne, l’hypothèse lui paressait peu probable. Il ne savait pas qu’un document donnait une antériorité encore plus importante à cette église. Comme nous l’avons déjà abordé dans nos notices « rectificatrices », un document de 1050 environ (texte rédigée entre 1021 et 1058), fait état de l’existence de cette église et de son chapitre de chanoines.
La relique conservée dans un reliquaire du XVIIe siècle (photo jointe), est un minuscule fragment de bois qui pourrait provenir de la partie de la croix du Christ conservée à Constantinople dont un morceau est confié en 569 par l’empereur Constantin à sainte-Radegonde, reine des Francs. Le minuscule fragment de Parthenay proviendrait donc de celui conservé à Poitiers. Deux personnes auraient pu l’obtenir : Guillaume 1er, seigneur de Parthenay, et son fils Josselin II, trésorier de Saint-Hilaire, une des plus importante charge ecclésiastique de l’époque en Poitou, qui deviendra archevêque de Bordeaux en 1060. Guillaume 1er était très proche d’Agnès, comtesse du Poitou. On a ici la meilleure configuration possible pour qu’un minuscule morceau de la « Vraie Croix » soit cédé au seigneur de Parthenay à l’occasion de la construction d’une nouvelle église. Les transactions opérées entre la comtesse Agnès et Guillaume 1er en 1047, à l’occasion de la fondation de l’abbaye de Maillezais, peuvent avoir contribués à obtenir cette relique.
L’édifice actuel est plus tardif et celui d’origine pouvait être partiellement en bois et avoir une implantation différente.
Si un édifice de Parthenay pourrait avoir un lien avec les croisades, ce serait l’église Saint-Martin-du-Saint-Sépulcre. Ebbon, seigneur de Parthenay, connu pour ses exactions,  partit effectivement à la croisade menée par Godefroy de Bouillon en 1096, mais il était de retour avant 1099 et avant la prise de Jérusalem qui est ensuite marquée par la découverte du restant de la croix du Christ. Il n’est donc pas envisageable que ce soit Ebbon qui rapporta la relique. Il est d’ailleurs surprenant que ce fait ait échappé à Bélisaire Ledain.
Quant à l’église du Sépulcre (en orange sur le plan de l'ancienne caserne, U étant Hyper U), la seule certitude est qu’une bulle (acte officiel du Vatican) du pape Eugène III, datée du 12 mars 1150, fait état de la consécration de cet édifice avec création d’une paroisse comprenant les faubourgs du Sépulcre, Marchioux et Belais au détriment de la paroisse de Parthenay-le-Vieux. Malgré plusieurs demandes de Maria Cavaillès au Vatican, voilà deux ans, il n’a pas encore été possible de pouvoir disposer d’une photographie de ce document. On espère encore en utilisant un autre canal !

L’église pourrait être plus ancienne que ce milieu du XIIe siècle, comme le laissent supposer des vestiges archéologiques découverts lors de fouilles archéologiques et qui remonteraient à la seconde moitié du XIe siècle. Toutefois, comme l’édifice se trouve près du très vieux chemin qui longeait le Thouet, une présence humaine est possible bien avant l’an mille et envisageable dès le XIe siècle avec l’installation des seigneurs de Parthenay sur l’actuelle place du Donjon puis sur la Citadelle.

 

 

 

Albéric Verdon : https://gatine-parthenay.fr/

 

 

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