Publié le 11 avril 2025.
Les fiefs de vigne.
La reconstruction du cadastre de Villiers-en-Plaine met en évidence trois secteurs de vigne qui sont des fiefs : Fief Saint-Georges, Fief Gandrieau et Fief Grégareau. Tous portent la marque de leur démantèlement avec la présence de parcelles en terre. Nous avons pu remarquer qu’en règle générale, les secteurs portant des vignes sont dénommés « fief ». Il s’agit d’une grande parcelle découpée en longues lanières qui comportaient plusieurs rangs de vigne. Ces fiefs et cette articulation des parcelles remontent au Moyen-âge. Plusieurs étaient attachés à des seigneuries ecclésiastiques, tel les Grand et Petits fiefs Saint-Paul à Gourgé, dépendant du prieuré éponyme à Parthenay. Pour ces deux fiefs, et pour le cadastre dit napoléonien, ils sont cultivés en vigne et en froment, une partie était en bois. La présence de bois est une particularité de la plaine jouxtant le nord de la Gâtine car certaines lanières comportent un petit bois à l’extrémité. Soulignons que le bois était nécessaire pour la confection des piquets. Il est possible qu’il y ait une manière de cultiver la vigne d’une façon différente entre les plaines du nord de la Gâtine et celles du sud-ouest (Villiers-en-Plaine).
Revenons à nos fiefs pour mettre en évidence leur transformation agricole. Si, au Moyen âge, le climat permettait la culture de la vigne dans toute la Gâtine, une évolution agricole transpire dans les archives à la fin de cette période avec la forte diminution de la population due aux guerres, aux épidémies, associée à la disparition de hameaux et de moulins. Cette situation va favoriser le développement des métairies et de l’élevage, entraîner la transformation des étangs en prés et la diminution de la culture de la vigne. Tout cela étant un marqueur d'une évolution climatique.
Le fief de vigne va subir cette transformation, non sans difficultés. La culture de la vigne devenant complexe car les plants pourrissaient comme l’attestes des actes du XVIIIe siècle, ce qui incitait les propriétaires à changer la culture. Ainsi, pour les fiefs de Saint-Paul, certaines parcelles servirent à la culture du froment. Le prieur de Saint-Paul profita de cette situation pour récupérer les parcelles en question. Un fief de vigne devait rester en vignes, un héritage de la féodalité ! Dans d’autres secteurs, cette saisie n’eut pas lieu et, à la faveur de la Révolution, la culture devint plus libre. Les cadastres napoléoniens mettent en lumière cette transformation. Si l’on trouve encore des fiefs pratiquement entièrement cultivés en vigne comme l’exemple du Fief du Bois sur la commune de Lamairé, on a une situation intermédiaire au Fief Grégareau de Villiers-en-Plaine et une totale disparition de la vigne au Fief de Saint-Denis, actuelle commune de Champdeniers. Pour ce dernier, il semblerait que les vignes aient disparu dès le XVIIIe siècle. Probable conséquence du terrible hiver 1709.
Albéric Verdon : https://gatine-parthenay.fr/
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