Publié sur Facebook le 20 décembre 2021.

 

Marie Granet, militante pour le droit des femmes

La conférence que j’ai faite hier à Saint-Maixent-l’Ecole faisait suite à l’inauguration, le 4 décembre dernier, d’une voie portant le nom d’une femme (photos jointes) : « Mail Marie Granet ». Honorer des femmes pour désigner des voiries est toujours extrêmement rare et parfois sujet à polémique. C’est ce qui s’était passé à Parthenay pour l’allée Marguerite-Martin. Les opposants avaient avancé l’argument qu’elle n’avait pas gardé un bon souvenir de Parthenay. Cette assertion avait été sortie de son contexte et ce n’était pas de Parthenay ou de la Gâtine dont elle avait gardé un mauvais souvenir, mais de certains habitants. Si on ne devait honorer que des personnes parfaites, il faudrait débaptiser la majorité des voiries et surtout celles portant des noms d’hommes (qui sont de toute façon largement surreprésentés). À Saint-Maixent-l’Ecole, ce sont des voiries honorant des officiers qui sont bien trop majoritaires et le jeune maire (30 ans) veut inverser cette tendance au profit de femmes. Si l’on approfondissait l’histoire des militaires qui donnent leur nom à des rues de Saint-Maixent-l’Ecole, et notamment leurs rapports aux femmes, il y en aurait sûrement plusieurs à remplacer. Et que dire de leurs femmes qui devaient assumer seules les tâches familiales et qui ne sont jamais honorées pour cela.
Lors de la conférence, j’ai donc évoqué le féminisme et le suffragisme avant 1945 en Deux-Sèvres, l’occasion de faire des allers-retours jusqu’à nos jours pour évoquer l’égalité des droits (devoirs), sociaux, sociétaux, comportementaux, etc., aborder la sororité et l’adelphité.
Entre les deux guerres mondiales, la section locale de l’Union Française pour le Suffrage des Femmes à Saint-Maixent-l’Ecole fut la plus nombreuse des Deux-Sèvres et même du Centre Ouest. On devait cette dynamique à Marie Granet.
Née en 1880, elle était professeure d’anglais depuis 1914 à l’École primaire supérieure de Saint-Maixent-l’École. Elle prendra la direction de la section saint-maixentaise de l’UFSF à sa création en 1930, et elle sera souvent citée pour ses actions efficaces de propagande. Elle militait pour le droit de vote des femmes et pour la reconnaissance de nombreux droits. Sa généalogie vient d’être dressée par Ève Giraud et sa mère, Henriette, qui est aussi présidente de la Société Historique et Archéologique du Val de Sèvre.
C’est donc Marie Granet qui vient d’être honorée à Saint-Maixent, après Marguerite Martin (née Brunet) à Parthenay. À priori, la ville de Niort n’a toujours pas honorée Marguerite Martin, Marie-Josèphe Réchard et même Marie Granet qui toutes, portèrent le mouvement féministe à Niort. Il y a aussi la ville de Thouars qui pourrait se faire « tirer l’oreille » pour ne pas avoir honoré Rachel Marliangeas (née Puillet) qui fut la première Deux-sévrienne à se présenter à une élection en 1912, alors qu’elle était inéligible du fait qu’elle était une femme et qu’elle n’avait pas l’âge requis. Ce sont pourtant 155 hommes qui vont lui porter des suffrages sur 1 640 votants, 155 hommes qui savaient qu’elle ne pouvait pas être élue, 155 hommes qui légitimaient ainsi le droit de vote des femmes. Au sujet des hommes qui participent au mouvement égalitaire des droits, je regrette que dans le dernier ouvrage de Chloé Delaume, « Sororité », Alice Coffin mettent en quelque sorte tous les hommes « dans le même sac » puisque la seule égalité qu’elle cite c’est « homme = patriarcat », faisant fi de tous ceux qui œuvrent ou ont œuvré vers l’égalité, vers cette adelphité tant nécessaire. Ce sont pourtant des hommes qui ont donné le droit de vote aux femmes, tandis que d’autre s’y opposaient de toutes leurs forces, et certains, solidement épaulés par leur femme !
J’engage aussi les hommes (mais également les femmes) à lire le dernier ouvrage de Nona Chollet « Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles ». Malgré un avant-propos difficile à lire, l’ouvrage regorge d’informations et de témoignages qui aident à mieux comprendre l’immense fossé qui reste à combler dans les droits et les comportements entre les femmes et les hommes. Malheureusement, ceux (et celles) qui auraient le plus besoin de se plonger dans cet ouvrage n’en n’ont certainement pas envie, et/ou n’ont pas la capacité/volonté de prendre le recul nécessaire à la réflexion et à la compréhension du « problème », ce terme étant bien faible !

Je conclurais sur le fait que si l’on commence à donner le nom de femmes à des voies, celles-ci restent souvent insignifiantes !

 

 

Albéric Verdon : https://gatine-parthenay.fr/

 

 

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