Publié sur Facebook le 22 novembre 2023.

 

Peut-on « jouer » avec l’histoire de la Gâtine et de Parthenay ?

Peut-on « jouer » avec l’histoire de la Gâtine et de Parthenay ? Ou encore, l’histoire est-elle un divertissement d’écriture où tout est permis ?
Un journaliste disait il y a quelques jours à la télévision que face aux « fake news », aux « influenceurs » néfastes, à la désinformation, à l’IA, etc., il fallait arrêter d’accepter le faux.
Le 25 novembre prochain, la municipalité de Parthenay met à l’honneur deux ouvrages dont le niveau de véracité historique, pour les périodes antérieures au XIXe siècle, laisse à désirer, et de belles photographies n’y feront rien. Un des auteurs a rédigé les textes du livre « Deux-Sèvres remarquables » et rien que la consultation de la bibliographie permettait d’imaginer un nombre important d’erreurs. Dans cet ouvrage, pour la Gâtine et Parthenay, nous avons opéré de nombreuses rectifications à travers des notices mises en ligne sur notre page Facebook ou sur notre site internet ; de bien trop nombreuses corrections en proportion du texte global.
Il est également l’auteur de « Gâtine remarquable », qui vient de paraître, et on retrouve une situation similaire. Ces deux ouvrages disposent d’une bibliographie où l’on rencontre de nombreux ouvrages anciens et notamment ceux de Maurice Poignat à qui j’avais dit que ce qu’il écrivait était faux et qui m’avait répondu que ce n’était pas grave, l’important était d’écrire. Il est donc regrettable pour l’histoire de Parthenay qu’un second auteur soit connu pour avoir massivement utilisé les écrits de M. Poignat dans ses publications. Il est l’auteur des textes de « Parthenay remarquable » qui vient également de paraître. Lui, qui avait créé de toute pièce un hôtel de ville dans le logis Férolle de la Vau Saint-Jacques, dans un ouvrage sur le Moyen Âge, installe aujourd’hui en ce même lieu « le siège de la corporation des tisserands et teinturiers ». Une telle corporation aurait-elle eu les moyens de construire un tel bâtiment ? Certainement pas, d’autant plus que l’âge d’or du tissage à Parthenay était au début du XIVe siècle. C’était en réalité la demeure du seigneur du Teil.
Ce qui est remarquable dans l’ouvrage sur Parthenay, est pourquoi un historien titulaire d’une maitrise d’histoire médiévale ne respecte pas l’éthique attachée à ce diplôme : citer ses sources (il n’y a pas de notes ni de bibliographie), et vérifier ses sources (aucun chercheur, quel que soit son domaine, ne l’a croisé dans un dépôt d’archives départementales). Dès lors, il n’est pas surprenant qu’il ne fasse aucune référence à un document fondamental de l’histoire de la Gâtine et de Parthenay, datant des années 1040-1050 et publié en 2007, qui donne une vision bien plus nette des premières décennies de la création de l’actuel Parthenay. Un pan entier de l’histoire actualisée n’est donc pas traité. C’est pourtant un devoir de se soucier de véracité par respect pour les lecteurs, même si nul n’est à l’abri d’une erreur. Il y a cependant une ligne rouge à ne pas dépasser.
Ce qui est également remarquable dans ces trois ouvrages, est l’absence, à une exception près déjà ancienne, de données ou de références à tous les travaux historiques et archéologiques menés par Maria Cavaillès et ses chercheurs, comme si plus de 20 ans de recherches étaient soit ignorées soit volontairement écartées.
On se retrouve donc avec de nombreuses erreurs pour l’histoire ancienne de Parthenay et de la Gâtine, mais aussi beaucoup de superficialité et d’approximations, notamment dans les dates, sans compter des raccourcis douteux.
On pourra me reprocher cette diatribe car je ne suis pas titulaire d’un diplôme d’historien (néanmoins diplômé de l’Université de Poitiers), mais j’ai la reconnaissance d’universitaires qui mesurent ce que l’autodidactie apporte en connaissances fondamentales par des méthodes transversales. J’ajouterais que tous les auteurs anciens dont les écrits sont utilisés de nos jours pour retracer l’histoire de la Gâtine… ne sont pas historiens de formation : Bélisaire Ledain, avocat ; Louis Merle, médecin ; Maurice Poignat, journaliste. La seule exception, M. Beech.
On peut se demander la portée politique de cette journée du 25 novembre puisque qu’un élu de la précédente municipalité m’avait dit que l’on pouvait bien tricher avec l’histoire, un concept à l’opposé du mien, construit sur une quête d’exactitude en utilisant des documents originaux.
Je pense que de tels ouvrages auraient pu être confiés à des historiennes dont la conscience professionnelle est unanimement reconnue et qui sont citées dans les bibliographies. En outre, une plume féminine aurait été bénéfique pour la Gâtine, d’autant plus que les femmes sont encore les oubliées de ces ouvrages.

 

On m'a écrit :

Bonjour Albéric Verdon, nous ne pouvons que regretter vos abhorrations politiques et historiques locales. Cependant, nous tenons à soutenir nos auteurs Laurent Fleuret et Jean Rouziès dans leur démarche et leurs écrits. Leur formation, leur rigueur dans le travail les autorise à publier. Il est vrai que notre choix de publier s’est porté sur leur profil et non le vôtre ; mais de cette source du mal, nous vous demandons de ne ne pas nous en tenir rigueur et surtout de ne pas leur en tenir rigueur car c’est indépendant de toute neutralité historique, nécessaire à l’édition d’un bon livre. Nous aurons plaisir à échanger avec vous lors des lancements et dédicaces sur ces ouvrages, à commencer par le 25 novembre où nous espérons vous retrouver. Je ne doute pas que vous serez présent.
Bonne continuation dans vos écrits en ligne.
La Geste.

 

J'ai répondu :

Je n'ai jamais écrit que je souhaitais avoir été contacté pour ce genre d'ouvrage. Et en ce qui concerne la rigueur, moi, tout ce que j'écris, je peux le prouver ! Je travaille avec des originaux, pas avec la copie de la copie agrémentée d'interprétations de l'interprétation. J'ai 800 000 photos d'archives concernant la Gâtine et Parthenay, prises dans plusieurs dépôts à travers la France, de Monaco à Paris, de Poitiers au Puy-en-Velay, Brive-la Gaillarde, La Roche-sur-Yon, Limoges et bien sûr en Deux-Sèvres. Mon site internet est connu dans tous les pays francophones, et mes études approfondies sont particulièrement nombreuses et reconnues par des professeurs d'université. Je ne serais bien sûr pas présent le 25 puisqu'on y cultive davantage le paraitre que l'être.

 

J'ai ajouté le 26 novembre :

Je m’étonnais que le journal La Nouvelle République n’ait fait aucune mention de ma lettre ouverte. Le curieux article paru aujourd’hui sur la journée du 25 m’a mis la puce à l’oreille. L’auteur de la « Gâtine remarquable » est un journaliste de la NR. Dilemme ! C’est donc la philosophie de Maurice Poignat qui est privilégiée : l’important c’est d’écrire.

Ma lettre ouverte avait été publiée dans le Courrier de l'Ouest.

 

 

Albéric Verdon : https://gatine-parthenay.fr/

 

 

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