Retour

 

Le château de la Vouivre

 

4e de couverture.

 

Goscelin, jeune chevalier vivant à la cour du Poitou, tisse une douce romance avec la fille du comte : Aliénor. Il reçoit l’ordre de prendre possession d’un territoire énigmatique couvert de forêts et de landes, refuge d’une nature étrange façonnée par des croyances païennes et des forces magiques : la Gastine. Dès lors, d’étranges phénomènes viennent perturber sa vie. La mort suit son sillage, tandis qu’une voix mystérieuse l’accompagne. Elle « l’attend ». Dans le périple qui le conduit en Gastine, Goscelin va de surprises en inquiétudes. C’est dans ce climat d’étrangeté qu’émergent le souvenir d’un certain Partenius et son tertre gardé par une vouivre, ainsi qu’un peuple antique et mystérieux.

 

Extrait

 

D’un geste machinal, Goscelin verse le contenu du sac dans sa paume droite. Aussitôt, il lâche un cri terrifiant : une douleur fulgurante lui traverse la main, s’immisce et irradie dans son corps, le faisant hurler à pleins poumons, comme si des milliers d’aiguilles lui perçaient instantanément la totalité du corps. Ses cris, amplifiés par l’écho, se répercutent sur les murs de la chapelle, viennent agresser les oreilles de Guillaume qui, pourtant, reste planté là, sans bouger, statue de chair figée dans l’adversité.

Tout à coup, Goscelin se tait, lâche brusquement le sachet de cuir qui tombe à terre, et secoue vigoureusement sa main droite pour se débarrasser de la cendre. Au même instant, la vie reprend son cours chez Guillaume…

 

Début du roman

 

Dans un vallon oublié, hérissé, çà et là, de masses grisâtres polies par le temps et nourries de lichens colorés, vagabonde un petit ruisseau entre chaos de granit, mousses perlées et arbres somptueux aux ramures décharnées ouvertes à la lumière... Seul son murmure tente de s’échapper du cocon que la nature lui a tissé. Au-dessus, quelques rayons d’un soleil blanchâtre percent difficilement la toile brumeuse qui annonce pourtant une belle journée et la fin prochaine de l’hiver. Faiblement éclairées par cette lueur nacrée, deux formes humaines discutent à mots feutrés, l’une brune, l’autre blonde et plus âgée, leurs longs cheveux épars laissés aux humeurs d’un vent léger. Tout est apaisement… Étonnamment, il flotte dans cet air frais, une note fleurie, gaie et printanière, alors que nulle corolle ne paraît…

Dans ce paysage calme et un peu flou, où le minéral et le végétal s’entrelacent langoureusement par le nappage cotonneux de fines gouttelettes d’eau, les silhouettes sont attentives. Là, près d’une boule de granit plus proéminente que les autres, se tient un vieil homme. Assis sur une grosse pierre aplatie par l’éternité du lieu, les jambes écartées, il fait rouler entre ses mains crevassées un long bâton aux sculptures polies par le temps ; étonnant mélange de deux essences de bois, chêne et frêne intimement liés dans une torsade dynamique sur laquelle « rampent » neuf serpents filiformes au corps parcouru de belles nervures patinées. Ces derniers s’enroulent vers le pommeau, mais un seul l’atteint : sa large tête cornue jette vers l’horizon un regard de bois, fixe et quelque peu inquiétant…

Le vieil homme, couvert d’une ample robe grisâtre à chaperon, pose soudain son bâton à ses côtés, se saisit d’un petit sac de toile brune et en verse le contenu sur une pierre plate qui se trouve devant lui. Il prend ensuite une simple coupe en terre cuite aux parois rugueuses qu’il serrait dans une besace, la plonge vigoureusement dans l’eau du ruisseau, puis verse lentement son contenu sur la poudre sortie du sac. Sitôt fait, il s’affaire à lisser précautionneusement la pâte limoneuse qui s’est spontanément formée… Il reprend son bâton, se lève, assure ses pieds puis trace avec dextérité une longue ligne droite sur la galette de limon humide. Toujours silencieux, ignorant les deux créatures qui se trouvent près de lui, il se rassied, pose à nouveau son bâton contre lui et se saisit d’une petite baguette en bois d’if. Par des gestes vifs et sûrs, il entreprend de dessiner des encoches dans le limon, autour, sur et contre le grand trait principal. À cet instant, sans aucun signe avant-coureur, la bague en or qui orne le majeur de sa main droite se met à luire et palpiter légèrement, comme un cœur de lumière tout à la fois discret et transparent, ne cessant de varier en intensité. Le bijou se compose de deux serpents qui croisent et entrelacent leur corps jusqu’à avaler mutuellement la queue de l’autre, telles deux puissances irrémédiablement et infiniment liées. La lumière qui se dégage de l’anneau, d’un bleu presque azur, prend la forme fantasmagorique de l’onde d’un ruisseau et vient lentement emplir la figure qui continue de se construire sur le limon… Un profond silence prend possession des lieux…

 

Résumé

 

Au XIe siècle, Goscelin, vassal du comte du Poitou, est chargé de prendre possession de la Gastine ; pays étrange qu’aucun homme n’évoque sans appréhension. Il est aussitôt confronté à d’étranges phénomènes, la véritable nature de dame Gertrude, des morts inexpliquées, une voix mystérieuse et quelques bribes de l’histoire d’un peuple mythique : les Gastes… Ce voyage sera un parcours initiatique répondant à la volonté de celle qui préside à la destinée de la Gastine. Vastine, l’épée des Gastes, remplace Espérance, et les loups, compagnons d’arme, accompagnent Goscelin jusqu’au tertre de Partenius gardé par la vouivre Mélusine. Tout cela, sous le regard attentif de deux vieux druides, gardiens du souvenir des Compagnons.

 

 

Retour page précédente